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Etude de la pitié et de l'amour propre dans le Second Discours de Rousseau
Second Discours Pitié et amour de soi |
Je ne crois pas avoir aucune contradiction à craindre, en accordant à l'homme la seule vertu Naturelle, qu'ait été forcé de reconnaître le Détracteur le plus outré des vertus humaines. Je parle de la pitié, disposition convenable à des êtres aussi faibles, et sujets à autant de maux que nous le sommes; vertu d'autant plus universelle et d'autant plus utile à l'homme qu'elle précède en lui l'usage de toute réflexion (...) Il est donc bien certain que la pitié est un sentiment naturel qui, modérant dans chaque individu l'activité de l'amour de soi-même, concourt à la conservation de toute l'espèce. C'est elle qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir: c'est elle qui, dans l'état de nature, tient lieu de Lois, de mœurs, et de vertu, avec cet avantage que nul n'est tenté de désobéir à sa douce voix: c'est elle qui détournera tout sauvage robuste d'enlever à un faible enfant, ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs: c'est elle qui, au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée; fais à autrui comme tu veux qu'on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bien moins parfaite, mais plus utile peut-être que la précédente. Fais ton bien avec le moindre mal d'autrui qu'il est possible. C'est en un mot dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu'il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme éprouverait à mal faire, même indépendamment des maximes de l'éducation. Quoi qu'il puisse appartenir à Socrate, et aux Esprits de sa trempe, d'acquérir de la vertu par raison, il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n'eut dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent. |
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Commencer par dissiper un malentendu
- La pitié selon Rousseau n'est pas le résultat de la réflexion
"...il y a longtemps que le genre humain ne serait plus, si sa conservation n'eut dépendu que des raisonnements de ceux qui le composent."
- à partir des textes et vidéos qui suivent, quels sont les différents sens de la pitié?
Voilà la définition que le dictionnaire donne de la pitié :
Pitié définition CNRTL |
A.−1. Sentiment d'affliction que l'on éprouve pour les maux et les souffrances d'autrui, et qui porte à les (voir) soulager; disposition à éprouver ce sentiment. Synon. apitoiement, commisération, compassion, miséricorde; anton. indifférence, insensibilité.Accès, geste, mouvement, regard de pitié; avoir, prendre pitié de qqn; faire pitié (à voir); ayez pitié d'un pauvre aveugle! Quand la jeune duchesse (...) vit passer ces pauvres Français qu'on allait envoyer au Châtelet, elle fut émue de si grande pitié, qu'elle supplia son mari en leur faveur (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24, p.405).À genoux à côté d'elle [une hase blessée], je caressais doucement l'épais pelage brûlant de fièvre et surtout là, sur l'épine du cou où la caresse est plus douce. Il n'y avait qu'à donner de la pitié, c'était la seule chose à faire: de la pitié, tout un plein coeur de pitié, pour adoucir (Giono, Solit. pitié,1932, p.187): Elle s'aperçut qu'elle avait à côté d'elle (...) une grande détresse, une souffrance semblable à celle qu'on rencontre dans les romans, les livres (...). Il semble que la vie quotidienne ôte à tout drame, à toute douleur, ce côté tragique qui force la pitié. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p.213. |
♦ Regarder qqn en pitié. Éprouver pour quelqu'un des sentiments de compassion. Son créancier l'a regardé en pitié, et lui a accordé du temps (Ac.1878).♦ Se sentir pris de pitié pour qqn. Éprouver de la compassion pour quelqu'un. Trois mois après, un homme se sentit pris de pitié pour elle et entreprit sa guérison morale et physique (Dumas fils, Dame Camélias,1848, p.6).
♦ C'est pitié! Quelle pitié! C'est une chose très digne d'apitoiement; c'est pitoyable. Si le morcellement continue: les landes, les bruyères périront. Quelle pitié! Quel dommage! (Courier, Pamphlets pol.,Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.87).C'était vraiment pitié de la voir, pauvre boiteuse, le bord de sa bonne robe encroûtée de boue, enfoncer dans la vase jusqu'à la cheville et traîner sa jambe faible, comme une aile blessée, par les chemins glaiseux (Guèvremont, Survenant,1945, p.258).♦ (N'avoir) pas de pitié, ni pitié ni merci. Le vin n'est pas toujours ce terrible lutteur sûr de sa victoire, et ayant juré de n'avoir ni pitié ni merci (Baudel., Paradis artif.,1860, p.325).Ce fut une atroce tuerie sans pitié, sans merci (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p.267). ♦ (Être) sans pitié. (Être) sans sensibilité humaine. Immoler, massacrer, poursuivre qqn sans pitié. C'est un homme dur et sans pitié. Un coeur sans pitié (Ac.1798-1878).Eh! mon ami, songez donc en quel enfer je tomberais si je donnais à cet être sans pitié, comme le sont tous les gens faibles, le droit de me mépriser? (Balzac, Lys,1836, p.147).♦ [P. réf. à La Fontaine, Fables, Les Deux pigeons] Cet âge est sans pitié. L'enfance est cruelle inconsciemment. La Fontaine, qui n'aimait pas les enfants parce qu'ils accaparent en tous lieux les menus soins et chatteries qu'il avait accoutumé d'exiger pour lui-même, La Fontaine gronde: «Cet âge est sans pitié.» Il a des mots terribles, le poète (Duhamel, Plais. et jeux,Paris, Mercure de France, 1926 [1922], p.104). P. anal. C'était un pays sans pitié et sans douceur (Hémon, M.Chapdelaine,1916, p.175).La lampe donnait une énorme lumière blanche sans pitié. Elle frappait sur toutes ces choses sensibles (Giono, Eau vive,1943, p.198).♦ Proverbes. Il vaut mieux faire envie que pitié (v. envie A 3). Guerre et pitié ne s'accordent pas ensemble. Ordinairement à la guerre, on n'est pas fort touché de pitié, et même il est quelquefois dangereux de l'être. (Ds Ac. 1798-1878).− Au plur., vieilli. Regarder qqn avec de grandes pitiés. Lorsqu'elle songeait aux damnés de l'enfer, il lui venait au coeur des pitiés, qu'elle n'éprouvait jamais aussi fortes pour les âmes du purgatoire (Zola, Contes Ninon,1864, p.168). SYNT. Pitié affectueuse, attendrie, douce, infinie, profonde; être accessible à la pitié, digne de pitié; être ému, pris de pitié; inspirer pitié; fondre de pitié.||
2. En partic. |
a) [La pitié considérée en tant que qualité, vertu de l'âme] La tragédie doit exciter la terreur et la pitié (Ac.).Robespierre sans doute n'offrait par sa mort qu'une faible expiation de ses forfaits: mais quand un scélérat marche à l'échafaud, la pitié alors compte les souffrances et non les crimes du coupable (Chateaubr., Litt. angl.,t.2, 1836, p.110). b) RELIG. Synon. de miséricorde.Pitié divine; Dieu de pitié; Seigneur, prends pitié; [Que] Dieu ait pitié de mon, son âme. «Mon Dieu», murmura-t-il, «ayez pitié de moi car je ne suis qu'un pécheur.» (Martin du G., Thib.,Pénitenc., 1922, p.736).Pitié et merci. Pour lors Berri, roi-d'armes de France, cria à haute voix: «Dieu veuille avoir pitié et merci de l'âme de très-haut et très-excellent prince Charles, roi de France, sixième du nom, notre naturel et souverain seigneur.» (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24, p.380). ♦ Christ de pitié. Christ représenté iconographiquement avec les cinq plaies de la Passion dans une attitude d'acceptation. ♦ Vierge, madone, Notre-Dame de pitié. Synon. de pietà.Un chef-d'oeuvre mystérieux et anonyme [du XVes.], une Vierge de pitié (...) transpose un de ces groupes pathétiques que les imagiers taillaient dans la pierre (Hourticq, Hist. art,Fr., 1914, p.121). ♦ Sonner/sonnerie en pitié. Après la sonnerie en branle, en pitié, comme ils disent si bellement (La Varende, Nez-de-cuir,1936, p.46).Le jour de la Toussaint, le marquis de La Bare mourait (...). La cloche du château tintait en glas, l'autre, celle de l'église sonnait en pitié, coup sur coup (La Varende, Dern. fête,1953, p.381). |
B. − P. méton. État qui suscite la pitié. La famine (...) avait déjà fait périr cinquante mille personnes. C'était une si grande pitié, que le roi d'Angleterre, pour célébrer la nativité de Notre-Seigneur, fit porter quelque nourriture aux pauvres gens qui vivaient encore dans les fossés (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24p.211).Et voilà qu'on se remet à se serrer le ventre. Une vraie pitié dans le pays, on renvoie le monde, les ateliers ferment les uns après les autres (Zola, Germinal,1885, p.1136).
− ,,C'est grande pitié, c'est grand-pitié que de nous, c'est une étrange pitié que de nous, la condition humaine est sujette à beaucoup de misères`` (Ac.).
− LITTÉRATURE
♦ [P. réf. au mot de Jeanne d'Arc à son procès] L'humble paysanne de Domrémy, qui (...) ne songeait qu'à la «grande pitié» qu'il y avait alors dans le royaume de France (Coppée, Bonne souffr.,1898, p.143).
♦ [P. réf. à l'ouvrage de M. Barrès] Le culte a été supprimé, l'église démeublée; le prêtre est parti (...) Ô grande pitié des églises de France! (Barrès, Grande pitié des églises de France,1914, p.353).
C. − Grâce totale ou partielle accordée à une personne coupable d'une faute ou qui a été vaincue. Crier pitié. Antony, se jetant à ses pieds: Ah! ah!... grâce, grâce, pitié, secours! (Dumas père, Antony,1831, ii, 5, p.189).Puni d'oser exister en somme, rageusement battu, saignant, meurtri, implorant pitié sous la botte et le poing d'un de ces gaillards (Céline, Voyage,1932, p.147).
D. − Mépris apitoyé. Pitié dédaigneuse, hautaine; quelle pitié! Le sentiment que l'homme supporte le plus difficilement est la pitié, surtout quand il la mérite. La haine est tonique, elle fait vivre, elle inspire la vengeance; mais la pitié tue, elle affaiblit encore notre faiblesse. C'est le mal devenu patelin, c'est le mépris dans la tendresse (Balzac, Peau chagr.,1831, p.287).Rien n'aurait pu me décider à dire que nous n'avions pas d'argent pour acheter des livres; la pitié des autres m'aurait fait mourir (Karr, Sous tilleuls,1832, p.272).Les Grecs alors sont oubliés, et les sculpteurs venus d'Athènes doivent rire de pitié devant ces poèmes confus à la richesse de la terre (Faure, Hist. art,1909, p.138).
♦ Faire pitié. Il raisonne à faire pitié. ,,Il raisonne de travers`` (Ac.). Il chante à faire pitié. ,,Il chante mal`` (Ac.). Vous me faites pitié de parler ainsi Vos menaces me font pitié (Ac.).
♦ Regarder, parler, traiter avec une pitié offensante, insultante. ,,Avec une apparence de pitié mêlée à des marques de mépris`` (Ac.).
♦ Regarder qqn en pitié, avec des yeux de pitié. ,,Ne faire aucun cas de lui, le mépriser`` (Ac.).
Prononc. et Orth.: [pitje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1050 pietét «sentiment de compassion» (Alexis, éd. Chr. Storey, 440); ca 1100 pitet (Roland, éd. J. Bédier, 825); 1306 (Joinville, Vie de St Louis, éd. N. L. Corbett, p.145: grant pitié estoit d'oïr brere les gens); fin xives. (Froissart, Chroniques, éd. G. Raynaud, t.X, p.219: che estoit une pités de veoir...); 2. 1666 regarder en pitié «considérer avec du mépris mêlé d'une vague compassion» (Molière, Misanthrope, II, 4, éd. H. de Bouillane de Lacoste, t.4, p.41); 1729 quelle pitié! (D'Olivet, Hist. Acad., t.2, p.203 ds Littré).
etym. |
Du lat. pietas proprement «piété (envers les dieux, les parents)», «sentiment du devoir» (dér. de pius «pieux [sens sacré et profane]»), qui a évolué pour signifier dès l'époque impériale «clémence, sentiment de bonté miséricordieuse (de l'empereur)», d'où «sentiment de compassion» dans la lang. des Chrétiens et «bonté, charité». Fréq. abs. littér.: 6518. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10749, b) 7628; xxes.: a) 10736, b) 8002. Bbg. Goug. Mots t.1 1962, pp.118-121. |
Pitié et Piété romaine
Le héros Énée (pius Aeneas) de Virgile incarne cette vertu, notamment quand il se sauve de Troie en portant son père sur son dos (Enéide, livre II). La pietas est, avec la uirtus, la clementia et la iustitia, l'une des quatre vertus impériales que reconnaît à Auguste l'inscription du bouclier d'or (clupeus aureus) placé en son honneur dans la Curia Iulia :Extrait du chant VIII de l'Enéide de Virgile |
Près des rivages de Sicile, s'élève Lipari, l'une des Éoliennes, île escarpée, aux rochers fumants. Sous ces rochers, une caverne est creusée pour les fournaises des Cyclopes. Comme l'Etna, ces antres tonnent : ils retentissent sans cesse du gémissement de l'enclume sous les coups des marteaux; les étincelles du fer brûlant volent et pétillent dans ces cavités, et le feu haletant rugit dans les fournaises. C'est la demeure de Vulcain, et cette terre se nomme Vulcanie. Là, du haut Olympe, descend le dieu du feu. Dans cette vaste caverne, les Cyclopes Brontès, Stérope, Pyracmon, les membres nus, assouplissent le fer. Entre leurs mains était un de ces foudres que du sommet des cieux souvent le père du dieu lance sur la terre; une partie était achevée, et l'autre encore informe : ils avaient uni trois rayons de grêle entrelacés, trois rayons de nuages pluvieux, et trois d'un feu brillant et de vents à l'aile rapide. Alors ils joignaient à leur ouvrage le bruit horrible, l'épouvante, et le courroux des feux vengeurs. D'autres Cyclopes se hâtaient de forger pour Mars le char d'airain aux roues rapides, dont le bruit éclatant excite les guerriers et les cités. D'autres polissaient à l'envi, sur l'horrible égide de Pallas (arme de sa fureur), les serpents écaillés d'or, et les couleuvres qui, sur la poitrine de la déesse, entrelacent leurs replis, et la tête tranchée de la Gorgone, portant la mort dans ses regards.« Éloignez-vous, dit Vulcain , emportez ces oeuvres inachevées. Cyclopes, fils de l'Etna, un autre travail exige votre ardeur. Que des armes soient forgées pour un héros terrible! Maintenant toutes vos forces, maintenant vos mains diligentes, maintenant toute la dextérité de votre art. Hâtez-vous, point de retard. » Il n'en dit pas plus; et soudain tous se précipitent. Le Sort leur distribue un égal labeur; des ruisseaux d'airain et d'or coulent. Le fer meurtrier, dans la vaste fournaise se liquéfie. Ils forment un immense bouclier, qui seul s'opposera à toutes les flèches des Latins. Sur son orbe, sept orbes s'étendent. Des Cyclopes, dans d'énormes soufflets, attirent et refoulent l'air : d'autres trempent dans l'eau l'airain frémissant. Des coups redoublés sur l'enclume l'antre gémit. Ceux-ci , réunissant leurs efforts, avec une peine infinie lèvent leurs bras qui retombent en cadence , et de la tenaille mordante ils retournent la masse embrasée[...]Cependant Vénus, la blanche déesse, entre les nuages de l'éther apportant ses dons, est descendue; elle aperçoit son fils, qui dans le vallon solitaire s'était retiré, non loin de la fraîcheur du fleuve; elle se découvre à sa vue, et lui parle en ces mots« Voilà les dons promis, et achevés par l'art de mon époux; désormais n'hésite plus, mon fils, à provoquer au combat ni les superbes Laurentins, ni l'ardent Turnus. » A ces mots Cythérée donne un baiser a son fils, et dépose sous un chêne ses armes resplendissantes.Énée, joyeux de l'honneur d'un semblable présent, ne peut se rassasier de le contempler et de le parcourir de ses avides regards : il admire, tourne dans ses mains, pose sur ses bras ce casque à la terrible aigrette, vomissant des flammes; cette épée foudroyante, cette cuirasse d'un impénétrable airain, teinte de sang, vaste, semblable à une nuée d'azur qui, embrasée des rayons du soleil, au loin les réfléchit. Il admire ses brillants cuissards, où l'argent pur se mêle à l'or flexible, et la lance, et surtout le bouclier, dont le travail est inénarrable.N'ignorant ni les oracles ni les événements des âges futurs, le dieu du feu avait empreint sur ce bouclier les destins de l'Italie et les triomphes des Romains. Là paraissait toute la lignée future descendue d'Ascagne, et la série de leurs guerres opiniâtres. Au fond de l'autre verdoyant de Mars, une louve, récemment mère, s'étendait; autour de ses mamelles deux enfants jumeaux se suspendaient en jouant, et sans effroi suçaient leur nourrice; elle, retournant la tête d'un et d'autre côté, les caressait, et de sa langue assouplissait leurs membres.Non loin on voit Rome, et les Sabines, enlevées contre le droit des peuples, dans une vaste enceinte au milieu des grands jeux du cirque. Tout à coup une guerre nouvelle s'élève entre les sujets de Romulus et le vieux Tatius et les sévères Sabins. Bientôt entre eux déposant les combats, les deux rois armés, devant l'autel de Jupiter, debout et la coupe à la main, cimentent leur alliance en immolant une laie. Non loin de là des chars attelés de quatre chevaux, et roulant en sens contraire, dispersent les membres de Métirus (Albain, que ne restais-tu fidèle à tes serments!). Tullus traînait à travers la forêt les entrailles de cet homme imposteur, et les buissons épars dégouttaient de son sang; ailleurs Porsenna ordonne aux Romains de recevoir Tarquin, qu'ils ont chassé , et par de nombreux. assiégeants il presse la ville , et les descendants d'Enée se précipitent au combat pour la liberté. Voyez ce roi s'indignant et menaçant à la fois; tandis que Coclès devant lui ose rompre le pont du Tibre, et qu'échappant à ses fers brisés Clélie nage à travers le fleuve! Au sommet du bouclier, Manlius, gardien de la roche Tarpéienne, debout devant le temple, défend le haut Capitole. Là d'un chaume récent se hérisse le palais de Romulus. Ici une oie aux ailes d'argent voltige sous les portiques dorés, elle signale les Gaulois devant les portes; ils étaient là, les Gaulois, à travers lés buissons; ils avançaient, surprenaient la citadelle, protégés par la faveur d'une nuit épaisse; leurs chevelures et leurs vêtements sont façonnés avec l'or, leurs saies sont rayées de lignes brillantes, et leur cou blanc comme le lait est ceint d'un collier d'or. Chacun de ces guerriers brandit dans ses mains deux javelots des Alpes, et de longs boucliers couvrent tout leur corps. |
film : extrait du Chagrin et la Pitié
site proposant des ressources autour du film
La pitié chez Saint Augustin
Les Confessions |
« En Dieu seul, le repos de mon âme Où donc t'ai-je trouvé, Seigneur, pour apprendre à te connaître ? Avant que je te connaisse, tu n'étais pas encore dans ma mémoire. Où donc t'ai-je trouvé, pour te connaître, si ce n'est en toi, au-dessus de moi ? Aucun espace dans tout cela : nous nous éloignons, nous nous approchons de toi, rien de cela n'est dans l'espace. C'est partout, ô Vérité, que tu sièges pour tous ceux qui viennent te consulter, et tu réponds en même temps à tous ceux qui te consultent sur des questions différentes. Tu réponds clairement, mais tous ne t'entendent pas clairement. Tous te consultent sur ce qu'ils veulent, mais ils n'entendent pas toujours la réponse qu'ils veulent. Le meilleur de tes serviteurs n'est pas celui qui se soucie de t'entendre dire ce qu'il veut ; c'est plutôt celui qui veut ce que tu lui dis. Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t'ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas, si elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement ; tu as répandu ton parfum, je l'ai respiré et je soupire maintenant pour toi ; je t'ai goûtée, et j'ai faim et soif de toi ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour obtenir la paix qui est en toi. Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n'y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l'allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même. Mes joies, dont je devrais pleurer, sont encore en lutte avec mes tristesses, dont je devrais me réjouir. De quel côté apparaîtra la victoire, je l'ignore.Malheureux que je suis ! Seigneur, prends pitié de moi. Hélas ! Tu vois : je ne cache pas mes plaies ; tu es le médecin, je suis le malade ; tu es miséricordieux, je suis misérable.N'est-ce pas que la vie de l'homme sur la terre est une corvée ? Qui peut désirer des peines et des tracas ? Tu ordonnes de les supporter, non de les aimer. Personne n'aime ce qu'il supporte, bien qu'il aime à supporter. On a beau se réjouir de supporter, on préférerait n'avoir rien à supporter. Dans l'adversité, j'aspire au bonheur ; dans le bonheur, je redoute l'adversité. Entre ces deux extrêmes, y a-t-il un milieu, où la vie humaine ne soit pas une « corvée » ? Malheur aux prospérités du monde, oui, deux fois malheur, et parce qu'on y craint l'adversité, et parce que la joie s'y corrompt. Malheur aux adversités du monde, oui, deux et trois fois malheur ! Parce que l'on continue à désirer la prospérité, parce que l'adversité elle-même est pénible, et que la patience peut y faire naufrage ! N'est-ce pas que la vie de l'homme sur la terre est une corvée sans aucune interruption ? Et toute mon espérance n'est que dans ta grande miséricorde. |
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