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Il y a une vérité dont la connaissance me semble fort utile: qui est que, bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu’on ne saurait subsister seul, et qu’on est, en effet, l’une des parties de l’univers, et plus particulièrement encore l’une des parties de cette terre, l’une des parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier; toutefois avec mesure et discrétion (1), car on aurait tort de s’exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n’aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu’on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n’aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu; au lieu qu’en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d’exposer sa vie pour le service d’autrui, lorsque l’occasion s’en présente; voire on voudrait perdre son âme, s’il se pouvait, pour sauver les autres. DESCARTES, Lettre à Elisabeth (1) « discrétion  » (ici): discernement.

Descartes

  Etude du texte de Descartes "La relation à autrui"

  Etre attentif aux mots du texte

  Il y a une vérité dont la connaissance me semble fort utile :

Trois termes à souligner :

  Quelle est cette vérité?

qui est que, bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu’on ne saurait subsister seul, et qu’on est, en effet, l’une des parties de l’univers, et plus particulièrement encore l’une des parties de cette terre, l’une des parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance.

Comparer celle-ci avec ce que dit Epicure, dont la thèse est présentée ici par Cicéron :

Il prétend que les atomes se portent d'eux-mêmes directement en bas, et que c'est là le mouvement naturel de tous les corps. Ensuite venant à songer que si tous les atomes se portaient toujours en bas et en ligne directe, il n'arriverait jamais qu'un atome pût toucher l'autre, notre habile homme se met en frais d'une proposition tout à fait chimérique et nous parle d'un mouvement de déclinaison le plus léger possible, par le moyen duquel les atomes venant à se rencontrer, s'accrochent ensemble, et composent l'univers et toutes ses parties.

De Finibus, Cicéron

Chercher le sens du mot "individu". En quoi est-il à rapprocher du mot atome? Quelle place Epicure accorde-t-il au hasard? En quoi Descartes refuse-t-il le hasard pour expliquer la rencontre? Lire pour cela attentivement cette phrase : on doit toutefois penser qu’on ne saurait subsister seul

  Il y a vérité évidente et vérité démonstrative ; de laquelle relève chacune de celles-ci ?

Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion (1), car on aurait tort de s’exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n’aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu’on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n’aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu’en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d’exposer sa vie pour le service d’autrui, lorsque l’occasion s’en présente ; voire on voudrait perdre son âme, s’il se pouvait, pour sauver les autres. DESCARTES, Lettre à Elisabeth (1) « discrétion » (ici) : discernement.

  Elle rencontre une autre vérité. Laquelle?

  Il y a vérité évidente et vérité démonstrative ; de laquelle relève chacune de celles-ci ?