Qu’est-ce que le bavardage? Parler […] signifie d’abord communiquer. Toute communication vise à faire participer celui qui écoute à la parole de celui qui parle. Bavarder c’est parler pour parler, sans comprendre de quoi l’on parle: « On comprend la parole, on ne comprend qu’approximativement l’objet de la parole ». Or, en s’attachant davantage au parlant qu’au parlé, la communication cesse de communiquer. […] Le discours oublie le rapport d’être à l’étant dont il parle et la communication se réduit à répéter le discours lui-même. […]. Quand ce qui se transmet n’est que la répétition du discours dans l’oubli total de l’objet de ce qui est dit, alors nous avons le bavardage. Le bavardage ne se contente pas de répéter l’ouï-dire, il n’est pas seulement répétition verbale, mais aussi répétition écrite comme lors de lectures faites machinalement par exemple. Le lecteur moyen, dans ce cas, « comprend tout », sauf ce qui a été créé et conquis par l’écrivain.– La scission entre les mots et les choses, entre le discours et son objet, voilà donc ce qui constitue le bavardage. Le bavardage est une répétition de mots. Il croit tout comprendre, mais il n’est que vacuité: « Le bavardage est la possibilité de tout comprendre sans appropriation préalable de la chose ». Et puisqu’il n’y a rien à comprendre, tout le monde peut comprendre! D’où le succès des bavards auprès du public! Ce qui se dit en se répétant, se généralise et en se généralisant accroît l’écart entre le parlant et le parlé. Cela transforme le révélé en dissimulé. Et cette dissimulation n’est pas feinte, elle n’est pas consciente, elle est naturelle au bavardage.

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Heidegger

Hervé Pasqua, Introduction à la lecture de « Être et Temps » de Martin Heidegger, éd. L’Âge d’Homme, Lausanne (Suisse) 1993, pages 80-81 Pour lire la suite ou pour citer le document: http://brunorigolt.blog.lemonde.fr