L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire, du peuple, c’est l’exigence de son bonheur réel. Exiger de renoncer aux illusions relatives à son état, c’est exiger de renoncer à une situation qui a besoin de l’illusion. La critique de la religion est donc en germe la critique de la vallée de larmes dont l’auréole est la religion. La critique a arraché les fleurs imaginaires de la chaîne, non pour que l’homme porte sa chaîne sans consolation et sans fantaisie, mais pour qu’il rejette la chaîne et cueille la fleur vivante. La critique de la religion désillusionne l’homme afin qu’il réfléchisse, qu’il agisse, qu’il élabore sa réalité, comme le fait un homme désillusionné, devenu raisonnable, afin qu’il gravite autour de son véritable soleil, La religion n’est que le soleil illusoire qui se meut autour de l’homme tant que ce dernier ne se meut pas autour de soi-même. C’est donc la tâche de l’histoire d’établir la vérité de l’ici-bas, après qu’a disparu l’au-delà de la vérité. C’est en premier lieu la tâche de la philosophie, qui est au service de l’histoire, de démasquer l’aliénation dans ses formes non sacrées, une fois démasquée la forme sacrée de l’aliénation humaine. La critique du ciel se transforme ainsi en critique de la terre. MARX, Introduction à la critique de la philosophie du Droit de Hegel
Marx (Karl)