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BnF?, Estampes et Photographie, HD-213-FOL, R 016170 © BnF?
Katsushika Hokusai (1760-1849)
Constant Bourgeois (1767-1841), dessinateur ; Antoine Patrice Guyot (1777-1845), graveur, 1808. BnF?, Estampes et photographie, UB-10-FOL © Bibliothèque nationale de France
Le marquis René-Louis de Girardin a lu le roman de Rousseau et décide de créer ce type de jardin à Ermenonville, un "jardin en désordre", un anti-Versailles, un jardin planté comme on peint un tableau.
Originaire des environs de Cherbourg, Jean-François Millet reste aujourd'hui très connu pour ses tableaux avec de grandes figures de paysans. Mais il a commencé sa carrière en abordant tous les genres picturaux, le portrait notamment, dont il s'est fait une spécialité pendant quelques années.
Avec Le Vanneur, présenté au Salonges de 1848, il rencontre son premier grand succès dans le « genre paysan ». Dès l'année suivante, Millet s'installe à Barbizon et se consacre aux paysages et aux sujets ruraux. Cependant le peintre ne s'en tient pas à une "copie" du monde paysan. L'Angélus se présente comme une méditation sur l'existence. Les deux personnages se tiennent immobiles, semblables en cela aux natures mortes de Chardin.
L' Angélus lui est commandé vers 1857 par Thomas Gold Appleton, fils d'un riche marchand américain, écrivain et grand amateur d'art. Celui-ci n'en prend pas livraison et le tableau passe dans différentes collections. À la fin des années 1880, alors qu'il est devenu le tableau le plus cher du monde, il est acquis par Alfred Chauchard qui le lègue à l'État en 1909, avec sa collection de peintures.
Au premier plan du tableau, deux paysans, un homme et une femme, sont représentés dans un champ au moment de la prière de l'angélus. En entendant sonner les cloches, ils ont interrompu le travail : la fourche est plantée dans la terre, le panier posé à même le sol. Ils se recueillent, la tête inclinée, l’homme découvert, la femme les mains jointes.
À l’horizon, le clocher de l'église se découpe sur un ciel coloré de jaunes et de roses. C'est le soir. La journée s’achève : les sacs dans la brouette sont remplis de pommes de terre. Tout en décrivant une scène de la vie quotidienne, Millet évite l’anecdote. En cela, le contre-jour joue un rôle essentiel, car il laisse les visages dans la pénombre et souligne l’attitude et les gestes, leur donnant une dimension universelle. Aucun autre élément ne vient distraire l’attention ; seuls importent la prière et le recueillement. Millet cherche à associer très étroitement le spectateur à la représentation. Il disait : « En regardant cette peinture, j’aimerais que le spectateur entende sonner les cloches. »
Mais il y a plus si on approfondit la question du mouvement et du temps. L'homme, chassé du paradis (traduction du jardin des délices) est dans la terre, à l'horizon infini.
Millet construit sa composition sur des lignes élémentaires, horizontales et verticales, et sur des rapports de proportion harmonieux, qui définissent ensemble une structure simple et équilibrée. La ligne d'horizon partage le paysage en un tiers de ciel et deux-tiers de terre. Les paysans forment deux verticales qui scandent le tableau.
Le champ est situé dans une plaine qui s’étend à perte de vue. La différence d’échelle entre les paysans au premier plan et l'église à l'horizon donne l’idée de la distance qui les sépare et suggère l’ampleur du paysage. Millet oppose les couleurs claires et lumineuses du ciel et celles terreuses et plus foncées des champs. Dans une palette assez restreinte, les bleus, les jaunes mélangés et les rose-rouge des vêtements sont comme un écho assourdi des couleurs du ciel.
Voici une installation, un lieu où on peut pénétrer : est-ce une partie de maison, un abri, un nouveau nid ? Interrogeant ses peurs et ses traumas d’enfance, Louise Bourgeois a sur de nombreuses années développé un art personnel qui, peu à peu, en s’amplifiant, va intégrer les grandes remises en cause plastiques et sociales de son temps.
« Je m’appelle Louise Joséphine Bourgeois. Je suis née le 25 décembre 1911 à Paris. Tout mon travail des cinquante dernières années, tous mes sujets, trouvent leur source dans mon enfance. Mon enfance n’a jamais perdu sa magie, elle n’a jamais perdu son mystère, ni son drame. »
L’univers artistique de Louise Bourgeois est un exorcisme, le temps y joue un rôle précieux. Française d’origine, elle se souvient de la ville de son enfance, Choisy-le-Roi, et de l’atelier de tapisserie qu’y tenaient ses parents. Dès l’âge de onze ans, elle y participe en dessinant les parties manquantes des pièces qu’ils restaurent. C’est un monde de fils, de pelotes et d’aiguilles. Au-delà, dans la maison familiale se joue un drame : face à la mère, la gouvernante anglaise des trois enfants est aussi la maîtresse du père. La petite Louise est blessée. Un sentiment de trahison l’accapare et la marque.
Diplômée du baccalauréat, la jeune fille s’inscrit d’abord à la Sorbonne puis aux Beaux-Arts. Déçue par l’enseignement académique, elle se tourne alors vers les ateliers de la Grande-Chaumière. L’un de ses professeurs, Fernand Léger, l’oriente vers la sculpture. En 1938, elle s’installe à New York, ville qui devient son lieu de résidence et de création et dont son mari – un historien d’art américain qu’elle a rencontré au Louvre – dirigera le musée des arts primitifs [ image 1 ].
Precious Liquids [ image principale ] est une œuvre de 1992. Elle fait partie des « Cellules » créées par l’artiste dans les années 90. Chaque « cellule » a trait à une peur. C’est tout un itinéraire suivi durant de nombreuses années sur le thème fondateur de la maison qui a amené Louise Bourgeois à cette construction. Ici, une chambre a été aménagée dans un ancien réservoir d’eau d’immeuble new-yorkais. Le cylindre de bois renferme maintenant un lit en fer forgé qui supporte des ballons de verre [ détail c ]. À l’entrée, une phrase gravée comme une sentence : « Art is a guaranty of sanity », « L’art est une garantie de santé mentale » [ détail b ]. Suspendu face au lit, un manteau d’homme recouvre la robe d’une fillette [ détail d ] et un coussin qui porte ces mots brodés « Merci-mercy ». C’est donc un lieu où féminin et masculin se rencontrent, où se confrontent bois et fer, cercle et carré, horizontal et vertical. C’est un lieu où les émotions de l’enfance, comme au sein d’une psychanalyse, se rejouent et se dénouent.
« Il faut abandonner son passé tous les jours, ou bien l’accepter, et si on n’y arrive pas, on devient sculpteur. » Parce qu’elle interroge sans cesse ce passé, le fait revivre dès les premières créations en personnages de bois évoquant ceux qui lui manquent, reconstruisant la maison, le nid dans de multiples œuvres, réinterprétant sa mère fileuse et protectrice sous la forme d’une gigantesque araignée, Louise Bourgeois atteint le spectateur dans ce qu’il a de plus intime, son propre passé. Tous les matériaux sont utilisés : bois, fer, verre, tissu, caoutchouc... Sa longévité, son ardeur au travail, lui permettent au fil des décennies d’organiser et d’amplifier ses recherches à la fois émotionnelles et plastiques ; son humour lui apporte connivence avec le public et reconnaissance. Elle traite de la douleur et du plaisir, de la peur, de la sexualité, de la mort. Parce que le point de départ de son œuvre est son enfance et qu’elle nous en parle, elle se trouve totalement engagée. Elle est devenue celle qui montre et révèle les parts inconscientes. Par son œuvre, elle confronte l’autre à lui-même. Le travail de Louise Bourgeois va donner des références esthétiques à la psychanalyse et au féminisme, et s’inscrit dans l’histoire du XXe? siècle, où il tient une place majeure.
Véronique Duprat-Roumier Permalien : http://www.panoramadelart.com/louise-bourgeois
et celui de Hume