Table des matières
Maryse Emel

  • Utiliser des ressources sur Eduthèque pour construire des exercices

 1. Jardin(s) et paysage(s) : mesure et démesure

 1.1. Mesure du jardin

Vaux-Le- Vicomte
Le Château de Vaux-le-vicomte

  • Israël Silvestre (1621-1691), graveur.
  • BnF?, département des Estampes et de la Photographie, VA-420-FT 4

© Bibliothèque nationale de France

Lire le texte de J.Darriulat sur Vaux-le-vicomte et répondre aux questions


Jardin Renaissance Hans Vredeman De Vries, (1527-1604?).

BnF?, Estampes et Photographie, HD-213-FOL, R 016170 © BnF?

  • Les contemporains de Shakespeare ont, semble-t-il, pris plaisir à façonner une esthétique du détour. Le motif polymorphe et polysémique du dédale s'est développé au sein des emblèmes avant de séduire les jardiniers puis les poètes, les musiciens, ou les dramaturges. Le théâtre de l'époque met en scène les détours amoureux dans des parcours labyrinthiques à l'image du Songe d'une nuit d'été.
  • Questions :
  • Expliquer pourquoi le château signifie l'irruption du moi?
  • Etablir le rapport avec la découverte du sujet, du "moi" par Descartes.
  • Retrouver les canons du beau. Où est le rapport aux mathématiques?
  • En quoi l'artiste et l'artisan se rejoignent-ils?
  • Quelles sont les propriétés du jardin? Expliquer :
  • La mesure classique est cet équilibre qui s’établit du fait que l’homme se mesure à l’homme et s’érige ainsi seul en mesure de toutes choses, l’équilibre de la beauté naissant de cet accord réciproque. Ainsi se fixent l’étiquette et le canon de la politesse, selon la grâce réciproque, le ballet symétrique du geste de l’offrande et de celui de la réception, de l’hommage et de l’admiration, de l’humble dévouement et de la reconnaissance royale. C’est cette mesure toute civile de la politesse, qui est l’esthétique de la politique, qui règle heureusement la démesure des prétentions du moi tout comme la servilité du courtisan qui veut plaire à tout prix.

 1.2. Démesure du paysage


Sous la vague au large de Kanagawa Titre japonais : Kanagawa oki namiura

Katsushika Hokusai (1760-1849)

 1.3. La démesure est ce qui échappe à l'homme

 2. Le jardin de Julie

Rousseau à Ermenonville
Rousseau à Ermenonville, devant l'étang du Désert

Constant Bourgeois (1767-1841), dessinateur ; Antoine Patrice Guyot (1777-1845), graveur, 1808. BnF?, Estampes et photographie, UB-10-FOL © Bibliothèque nationale de France

  • En 1761, Rousseau publie, Julie ou La Nouvelle Héloïse : Julie et l'époux qui lui a été imposé sont installés sur les bords du lac Léman, à Clarens. Après six ans de voyage, Saint-Preux, qui aimait Julie depuis l’enfance, lui rend visite et découvre le jardin créé par la femme qu'il n’a jamais cesser d’aimer. L’auteur imagine ici ce qui deviendra la définition des jardins paysagers du XVIIIe? siècle : une nature libre, des arbres qui favorisent des jeux d’ombre et de lumière, des allées tortueuses et irrégulières, du gazon mêlé de thym, de marjolaine et la présence permanente de l’eau.

Le marquis René-Louis de Girardin a lu le roman de Rousseau et décide de créer ce type de jardin à Ermenonville, un "jardin en désordre", un anti-Versailles, un jardin planté comme on peint un tableau.

  • Le terrain du domaine de Girardin présentait un inconvénient, son sol marécageux, mais aussi des avantages : le relief légèrement accidenté se prêtait à la création d'un paysage varié, et un cours d'eau pour alimenter lacs et étangs traversait déjà les lieux. L'assèchement des marais et le gros œuvre prirent une dizaine d'années. Girardin confia la direction des travaux au jardinier Jean-Marie Morel.
  • Girardin souhaite que Rousseau vienne à Ermenonville visiter le domaine. Il l'invite sous le prétexte de lui demander de copier de la musique pour les soirées musicales au château. Le philosophe, qui a longtemps pratiqué cette activité, accepte. Il découvre les jardins qu'il les avait imaginés et est particulièrement séduit par le Désert.
  • Arrivé à Ermenonville le 20 mai 1778, il y passe six semaines avec bonheur, mais le 2 juillet en rentrant de sa promenade matinale, il est pris d’un malaise et meurt en quelques minutes dans sa chambre en présence de sa femme Thérèse. Il sera enterré le 4 juillet dans l’île des Peupliers, avant d'être transféré au Panthéon en juillet 1794.
  • Un texte de Rousseau est gravé à l'entrée de sa cabane dans le Désert : "C'est sur la cime des montagnes solitaires que l'homme sensible se plaît à contempler la nature. C'est là que tête à tête avec elle, il en reçoit des inspirations toutes puissantes qui élèvent l'âme au-dessus de la région des erreurs et des préjugés."

 3. Du jardin au paysage

 3.1. Ressources

 3.2. Expliquer ces tableaux et dégager un problème philosophique :

  • L'Angélus de François Millet

Angelus de Millet
Musée d'Orsay, distr. R.M.N. / Patrice Schmidtzoom L'Angélus Jean-François Millet (1814-1875) dimension : H. 55,5 cm ; L. 65 cm huile sur toile 1857-1859 lieu de conservation : Paris, musée d'Orsay

Originaire des environs de Cherbourg, Jean-François Millet reste aujourd'hui très connu pour ses tableaux avec de grandes figures de paysans. Mais il a commencé sa carrière en abordant tous les genres picturaux, le portrait notamment, dont il s'est fait une spécialité pendant quelques années.

Avec Le Vanneur, présenté au Salonges de 1848, il rencontre son premier grand succès dans le « genre paysan ». Dès l'année suivante, Millet s'installe à Barbizon et se consacre aux paysages et aux sujets ruraux. Cependant le peintre ne s'en tient pas à une "copie" du monde paysan. L'Angélus se présente comme une méditation sur l'existence. Les deux personnages se tiennent immobiles, semblables en cela aux natures mortes de Chardin.

L' Angélus lui est commandé vers 1857 par Thomas Gold Appleton, fils d'un riche marchand américain, écrivain et grand amateur d'art. Celui-ci n'en prend pas livraison et le tableau passe dans différentes collections. À la fin des années 1880, alors qu'il est devenu le tableau le plus cher du monde, il est acquis par Alfred Chauchard qui le lègue à l'État en 1909, avec sa collection de peintures.

  • DU QUOTIDIEN À L’UNIVERSEL

Au premier plan du tableau, deux paysans, un homme et une femme, sont représentés dans un champ au moment de la prière de l'angélus. En entendant sonner les cloches, ils ont interrompu le travail : la fourche est plantée dans la terre, le panier posé à même le sol. Ils se recueillent, la tête inclinée, l’homme découvert, la femme les mains jointes.
À l’horizon, le clocher de l'église se découpe sur un ciel coloré de jaunes et de roses. C'est le soir. La journée s’achève : les sacs dans la brouette sont remplis de pommes de terre. Tout en décrivant une scène de la vie quotidienne, Millet évite l’anecdote. En cela, le contre-jour joue un rôle essentiel, car il laisse les visages dans la pénombre et souligne l’attitude et les gestes, leur donnant une dimension universelle. Aucun autre élément ne vient distraire l’attention ; seuls importent la prière et le recueillement. Millet cherche à associer très étroitement le spectateur à la représentation. Il disait : « En regardant cette peinture, j’aimerais que le spectateur entende sonner les cloches. »
Mais il y a plus si on approfondit la question du mouvement et du temps. L'homme, chassé du paradis (traduction du jardin des délices) est dans la terre, à l'horizon infini.

Réflexion sur la finitude ---> Temps des hommes
Temps suspendu de la religion --> Eternité de Dieu
  • UNE COMPOSITION qui joue sur les oppositions

Millet construit sa composition sur des lignes élémentaires, horizontales et verticales, et sur des rapports de proportion harmonieux, qui définissent ensemble une structure simple et équilibrée. La ligne d'horizon partage le paysage en un tiers de ciel et deux-tiers de terre. Les paysans forment deux verticales qui scandent le tableau.
Le champ est situé dans une plaine qui s’étend à perte de vue. La différence d’échelle entre les paysans au premier plan et l'église à l'horizon donne l’idée de la distance qui les sépare et suggère l’ampleur du paysage. Millet oppose les couleurs claires et lumineuses du ciel et celles terreuses et plus foncées des champs. Dans une palette assez restreinte, les bleus, les jaunes mélangés et les rose-rouge des vêtements sont comme un écho assourdi des couleurs du ciel.

  • Mettre en perspective avec ce texte de Pascal

  • Où sommes-nous? Le jardin intérieur

installation
Louise Bourgeois Trust / ADAGP © Centre Pompidou, MNAM-CCI, distr. RMN-Grand Palais / Philippe Migeatzoom Precious Liquids

Voici une installation, un lieu où on peut pénétrer : est-ce une partie de maison, un abri, un nouveau nid ? Interrogeant ses peurs et ses traumas d’enfance, Louise Bourgeois a sur de nombreuses années développé un art personnel qui, peu à peu, en s’amplifiant, va intégrer les grandes remises en cause plastiques et sociales de son temps.

  • Louise Bourgeois se présente :

« Je m’appelle Louise Joséphine Bourgeois. Je suis née le 25 décembre 1911 à Paris. Tout mon travail des cinquante dernières années, tous mes sujets, trouvent leur source dans mon enfance. Mon enfance n’a jamais perdu sa magie, elle n’a jamais perdu son mystère, ni son drame. »

L’univers artistique de Louise Bourgeois est un exorcisme, le temps y joue un rôle précieux. Française d’origine, elle se souvient de la ville de son enfance, Choisy-le-Roi, et de l’atelier de tapisserie qu’y tenaient ses parents. Dès l’âge de onze ans, elle y participe en dessinant les parties manquantes des pièces qu’ils restaurent. C’est un monde de fils, de pelotes et d’aiguilles. Au-delà, dans la maison familiale se joue un drame : face à la mère, la gouvernante anglaise des trois enfants est aussi la maîtresse du père. La petite Louise est blessée. Un sentiment de trahison l’accapare et la marque.

Diplômée du baccalauréat, la jeune fille s’inscrit d’abord à la Sorbonne puis aux Beaux-Arts. Déçue par l’enseignement académique, elle se tourne alors vers les ateliers de la Grande-Chaumière. L’un de ses professeurs, Fernand Léger, l’oriente vers la sculpture. En 1938, elle s’installe à New York, ville qui devient son lieu de résidence et de création et dont son mari – un historien d’art américain qu’elle a rencontré au Louvre – dirigera le musée des arts primitifs [ image 1 ].

  • Louise Bourgeois explique l’œuvre :

Precious Liquids [ image principale ] est une œuvre de 1992. Elle fait partie des « Cellules » créées par l’artiste dans les années 90. Chaque « cellule » a trait à une peur. C’est tout un itinéraire suivi durant de nombreuses années sur le thème fondateur de la maison qui a amené Louise Bourgeois à cette construction. Ici, une chambre a été aménagée dans un ancien réservoir d’eau d’immeuble new-yorkais. Le cylindre de bois renferme maintenant un lit en fer forgé qui supporte des ballons de verre [ détail c ]. À l’entrée, une phrase gravée comme une sentence : « Art is a guaranty of sanity », « L’art est une garantie de santé mentale » [ détail b ]. Suspendu face au lit, un manteau d’homme recouvre la robe d’une fillette [ détail d ] et un coussin qui porte ces mots brodés « Merci-mercy ». C’est donc un lieu où féminin et masculin se rencontrent, où se confrontent bois et fer, cercle et carré, horizontal et vertical. C’est un lieu où les émotions de l’enfance, comme au sein d’une psychanalyse, se rejouent et se dénouent.

  • Conçue comme une pièce de théâtre, l’installation est élaborée autour d’un scénario. Voici celui mis en scène par Louise Bourgeois, expliqué par l’artiste elle même : « Precious Liquids se rapporte à une fille qui grandit et trouve la passion au lieu de la terreur. Elle cesse d’être effrayée et connaît la passion. Le verre devient métaphore pour les muscles du corps ; représentation des émotions, du mécanisme de l’instabilité. Quand les muscles se relâchent et que la tension redescend un liquide est sécrété. Les émotions internes deviennent physiquement liquides, déclenchent la sécrétion d’une substance précieuse. Ainsi quand vous vous autorisez à pleurer les larmes indiquent la fin de la souffrance ou quand la transpiration vous vient dans le dos à cause de l’appréhension dans laquelle vous êtes cela indique le contrôle et la résolution de la peur. La sécrétion de liquide peut être intensément agréable. » Ainsi, l’œuvre interroge l’enfance, la femme et la sexualité.
  • Louise Bourgeois, figure majeure de l’art contemporain

« Il faut abandonner son passé tous les jours, ou bien l’accepter, et si on n’y arrive pas, on devient sculpteur. » Parce qu’elle interroge sans cesse ce passé, le fait revivre dès les premières créations en personnages de bois évoquant ceux qui lui manquent, reconstruisant la maison, le nid dans de multiples œuvres, réinterprétant sa mère fileuse et protectrice sous la forme d’une gigantesque araignée, Louise Bourgeois atteint le spectateur dans ce qu’il a de plus intime, son propre passé. Tous les matériaux sont utilisés : bois, fer, verre, tissu, caoutchouc... Sa longévité, son ardeur au travail, lui permettent au fil des décennies d’organiser et d’amplifier ses recherches à la fois émotionnelles et plastiques ; son humour lui apporte connivence avec le public et reconnaissance. Elle traite de la douleur et du plaisir, de la peur, de la sexualité, de la mort. Parce que le point de départ de son œuvre est son enfance et qu’elle nous en parle, elle se trouve totalement engagée. Elle est devenue celle qui montre et révèle les parts inconscientes. Par son œuvre, elle confronte l’autre à lui-même. Le travail de Louise Bourgeois va donner des références esthétiques à la psychanalyse et au féminisme, et s’inscrit dans l’histoire du XXe? siècle, où il tient une place majeure.

Véronique Duprat-Roumier Permalien : http://www.panoramadelart.com/louise-bourgeois

  • Mettre en perspective avec ce texte de Bergson

et celui de Hume