Réfutation de la causalité

Dans ce cas, de nombreux philosophes se pensent obligés par la raison d'avoir recours, en toutes les occasions, au même principe, auquel le vulgaire ne fait jamais appel, sinon pour les cas qui semblent miraculeux et surnaturels. Ils reconnaissent que l'esprit et l'intelligence sont non seulement la cause ultime et originelle de toutes choses, mais aussi la cause unique et immédiate de tous les événements qui se produisent dans la nature. Ils prétendent que ces objets qui sont couramment appelés causes ne sont rien d'autre que des occasions, et que le principe véritable et direct de chaque effet n'est pas un pouvoir ou une force dans la nature, mais une volition de l'Etre Suprême qui veut que tels objets particuliers soient à jamais joints les uns aux autres. Au lieu de dire qu'une boule de billard en meut une autre par une force qui provient [indirectement] de l'auteur de la nature, ils disent que c'est la Divinité elle-même qui, par une volition particulière, meut la seconde boule, en étant déterminée dans cette opération par l'impulsion de la première boule, en conséquence de ces lois générales qu'elle a instituées pour elle-même dans le gouvernement de l'univers. Mais des philosophes, avançant davantage dans leurs recherches, découvrent que, tout comme nous ignorons totalement le pouvoir dont dépend l'opération naturelle des corps, nous sommes non moins ignorants de ce pouvoir dont dépend l'opération de l'esprit sur le corps, ou du corps sur l'esprit, et que nous ne sommes pas capables, soit par nos sens, soit par la conscience, d'assigner le principe ultime, en un cas comme en l'autre. La même ignorance les réduit donc à la même conclusion. Ils affirment que la Divinité est la cause immédiate de l'union de l'âme et du corps, et que ce ne sont pas les organes des sens qui, étant stimulés par les objets extérieurs, produisent des sensations dans l'esprit, mais que c'est une volition particulière du Créateur tout-puissant, qui produit telle sensation, en conséquence de tel mouvement dans l'organe. De la même manière, ce n'est pas une énergie dans la volonté qui produit le mouvement local dans nos membres. C'est Dieu lui-même qui se plaît à seconder notre volonté, en elle-même impuissante, et à commander ce mouvement que nous attribuons de façon erronée à notre pouvoir personnel, à notre propre efficace. Des philosophes ne s'arrêtent pas à cette conclusion. Quelquefois, ils étendent la même inférence à l'esprit lui-même, dans ses opérations internes. Notre vision mentale, notre conception des idées n'est rien d'autre qu'une révélation qui nous est faite par notre Créateur. Quand nous tournons volontairement nos pensées vers un objet, et que nous faisons naître son image dans la fantaisie, ce n'est pas notre volonté, qui crée cette idée; c'est le Créateur universel qui la découvre à l'esprit et qui nous la rend présente. Hume Enquête sur l'entendement humain section 7

Les philosophes eu-mêmes sont conduits par des habitudes : montrez-le

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