Tout ce que les Grecs concevaient de plus barbare, féroce et cruel, s'incarne dans ce géant à l'œil unique. Le Cyclope Polyphème présente les caractères d'une humanité sauvage, vivant encore dans un état pastoral primitif. Il connaît toutefois les lois de l'hospitalité qu'il viole délibérément, méprisant les dieux et la civilisation au point de se nourrir de chair humaine. Mais l'esprit inventif d'Ulysse triomphe de la barbarie de Polyphème, la ruse l'emporte sur la force brute. Pour Hésiode, les Cyclopes sont des Titans, ces dieux primordiaux qui personnifient les forces primitives de la nature. Les Anciens imaginaient les Cyclopes s'activant quand un volcan entrait en éruption, crachant projections et roches en fusion tel Polyphème qui lance des rocs dans la mer. La tradition fait ainsi des Cyclopes les ouvriers d'Héphaïstos travaillant dans sa forge que l'on situait sous l'Etna.